Les comptes de la retraite et la sollicitude pour autrui

Publié le par Odace

 Martine et Ségolène, proches sur le dossier des retraites

 

 

Dans une brillante tribune du Monde (15 avril), « Au-delà de la réforme des retraites, il faut réussir la révolution de l’âge », Martine Aubry énonce quelques fondamentaux sur la retraite : pas de changement de l’âge légal de départ à la retraite (60 ans) , appel à de nouvelles contributions financières (élargissement des assiettes de cotisation, taxes sur les banques, sur les stock options, fiscalité sur les hauts revenus…), prise en compte de la pénibilité, refus de toute baisse des pensions. aubry martine

 

« L’efficacité n’est pas, à nos yeux, le contraire de la justice ».

Martine Aubry  traite le rapport du COR, résultat d’un travail partagé par toutes les parties en cause, avec plus d’intelligence que ne le fait  Monsieur Mélenchon, tout en signalant qu’il s’agit « d’un élément parmi d’autres  de l’évaluation financière qui ne doit pas être instrumentalisé pour imposer des choix de société ».

 

Sur ces différents points, ce matin sur France Inter, Ségolène Royal semblait sur la même longueur d’ondes, insistant particulièrement sur les sources de financement nouvelles qui permettraient d’atteindre une meilleure équité dans l’effort demandé à tous les français.

 

La concertation va se poursuivre : pour l’instant les points de vue du PS, de l’UMP et surtout du Medef qui pratique l’outrance, sont bien éloignés !

 

Pour une éthique du care

 

Ce qui est plus novateur dans le propos de Martine Aubry, c’est la deuxième partie de son texte, celle dans laquelle elle défend une nouvelle idée de la « vieillesse ».

soins personnes agées 

Une politique nouvelle doit être menée, monde associatif et bénévolat, organisation des territoires, aides à la personne, qualité des soins, mise en œuvre d’une sollicitude pratique…

 

« C’est ainsi, conclut-elle, que nous ajouterons de la vie aux années et pas seulement des années à la vie ».

 

La responsable du PS reprend ainsi ce que de nombreux penseurs, en particulier des femmes américaines, ont appelé dans les années 1980 « une éthique du care ».

 

On peut  parcourir sur ce sujet  le livre de Carol Gilligan : « Une voix différente. Pour une éthique du care » ( Champs Flammarion, 1986 et 2008). L’idée centrale du care, est celle d’une considération sans détachement, celle du genre de considération qui donne toute sa place à la sensibilité dans le champ des actions et des conduites morales.

 

                                                      Carol Gilligan, profeseur à Harvard

 Pour avoir une vraie légitimité, le care doit devenir politique.carolgilligan.jpg

 

« Il convient de reconnaître l’importance pour les deux sexes et à tous les stades de la vie, des liens entre soi et l’autre, et l’universelle nécessité d’un comportement plein de compassion et de sollicitude » (p 157)

 

Il ne s’agit pas d’une simple attitude généreuse, mais d’une impérieuse nécessité pour le futur de l’humanité d’introduire sur le plan de la politique et celui de la justice, le respect de l’autre, de ses droits à vivre dignement.

 

Certes, les données comptables devront être prises en compte et des efforts demandés à tous ; mais la vie, et surtout celle des plus démunis, des plus affaiblis, ne sera jamais réduite à des budgets !

 

PF

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