La France a peur de sa jeunesse
La France a peur de sa jeunesse
C’est avec lenteur que Martin Hirsch tente d’élaborer une politique globale de la jeunesse, dont la France n’a d’ailleurs pas aujourd’hui les moyens. La déshérence de nombreux jeunes, les quantités inquiétantes des élèves qui sortent du système scolaire, les réactions souvent violentes des jeunes des quartiers aux actions policières, alarment les politiques, les maires, les services sociaux.
Les éducateurs sociaux qui se trouvent sur le terrain, dans les quartiers difficiles, témoignent de l’augmentation de l’agressivité.
Commentant les projets de Martin Hirsch, la sociologue Cécile Van de Velde écrit (le Monde, 9 juillet) : « Comme bien des pays vieillissants et en incertitude sociale, la France a peur de sa jeunesse ».
Jeunesse dangereuse ou jeunesse en danger ?
L’ambiance dominante est que l’on se méfie de la jeunesse, « une catégorie à canaliser ». Ce sont les bandes qui s’affrontent, les jeunes des quartiers qu’il faut encadrer, surveiller et le cas échéant sanctionner. Ne parlons plus de la racaille…il vaut mieux envoyer des policiers que des éducateurs.
Ne faudrait-il pas d’abord les aider ? Combien de jeunes dans des familles désunies, monoparentales, cernés par le chômage d’un parent, incapables de trouver un emploi, manquant du minimum vital et de ce fait, parfois, poussés à des pratiques douteuses pour s’offrir des petits rêves, dans leurs logements sociaux déshumanisés.
Quelles perspectives offre notre pays aux jeunes en matière de travail stable (les chances de trouver un job correct s’améliorent à partir de master 2, soit bac+5 !), concernant le logement toujours plus cher et si difficile à obtenir ?
Après la période magnifiée, bien que discutée, de l’ascenseur social voici qu’on parle de déclassement. Déclassement par rapport à la situation des parents, déclassement entre le niveau d’études et la qualité de l’emploi trouvé. Le futur des jeunes les inquiète, les démobilise, les marginalise.
Sortie de lycée
La France se met en danger en délaissant sa jeunesse. Mais aujourd’hui c’est la jeunesse qui est en danger.
PF