Pour le pouvoir, toutes les sécurités n'ont pas le même intérêt

Publié le par Odace


 

A l’égard des personnes, le tout sécuritaire !

 

Depuis que Giscard d’Estaing en avait fait un slogan de campagne, « le changement sans risque » suivi du « changement dans la sécurité », le mot sécurité envahit notre quotidien. La sécurité est sociale, alimentaire, intérieure et extérieure, routière…

 

Certes, et cela est bien normal, chaque citoyen voudrait une société sûre, sans risque, sans crainte de l’autre.

Et depuis des années, deux grandes positions s’affirment. Celle qui consiste à tenter de juguler le mal par la force, l’exclusion, la sanction…et celle – qui a perdu son ancienne naïveté-, qui équilibre son action entre prévention et sanction. 

 

A l’approche de l’élection présidentielle, le chef de l’Etat, en retard dans les sondages, poursuit sa tentative de reprendre des voix au FN. Malgré les effets négatifs du discours de Grenoble, reconnu par ses plus proches conseillers, il continue de se rapprocher de la « droite populaire », qui elle-même, pour une part, verrait bien un accord avec le FN.

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Pour quoi faire, lorsque certaines propositions vont plus loin que celles de Martine, comme la construction de prisons pour 50 000 détenus ?

Rappelons qu’en France, les prisons peuvent recevoir 56 506 détenus qui sont actuellement 64 052. Ceux qui attendent d’exécuter leurs peines, sont ceux qui n’ont pu rencontrer le juge d’application des peines ou qui ne sont pas encore pris en charge par le service pénitentiaire d’insertion et de probation.

Il serait évidemment plus efficace et plus rapide de doter la justice et les fonctionnaires du SPIP de moyens suffisants pour conduire leurs missions. Mais, un fonctionnaire sur deux …

 

Après les camps de roms, voici que M. Guéant lance « un plan de lutte contre les jeunes roumains ». S’ils ne sont pas renvoyés dans leur pays, d’où ils reviendront quelques semaines plus tard, ils pourraient être placés dans les futurs camps militaires. Tous les mois, une nouvelle stigmatisation !

 

Ailleurs, la sécurité semble mois urgente.

 

Mais, il est aussi d’autres sécurités sur lesquelles le gouvernement semble bien moins actif.

La sécurité routière, après un réel effort, des mesures ont été remises en cause par les lobbies automobiles, comme la suppression des « panneaux  radars ».

La sécurité sociale et donc la santé sont menacées, comme l’indiquent de nombreux médecins dans une alarme très argumentée lancée ces jours-ci.

La sécurité des médicaments a été négligée à la suite de nombreux dysfonctionnements, de conflits d’intérêts… que l’on commence tout juste à corriger

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Et que dire de la sécurité nucléaire lorsque l’on sait avec certitude que de nombreux incidents surviennent sans que la population soit informée ; et lorsqu’ils éclatent au grand jour, avec les conséquences humaines que l’on sait, l’information est tardive, incomplète, défensive. C’est précisément le cas après l’explosion dans l’usine de Socodei.

 

Nous devenons progressivement « des captifs de la sécurité » (Jacques Perret). Mais pour le pouvoir actuel, il y a deux sécurités : celle qui est menacée par des personnes et celle qui proviendrait des entreprises. Pour l’instant la priorité est claire, voire démesurément déséquilibrée. Est-ce le bon choix?

PF

Publié dans Société

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