Parler, parler, il n'en reste pas toujours quelquechose

Publié le par Odace

 

 

Les effets d’annonce sans suite minent la confiance

 

 

« Rien n’est plus beau que de pouvoir, par la parole, maîtriser des assemblées humaines, séduire les intelligences, entrainer à son gré les volontés, ou, à son gré, les détourner d’un choix » écrivait Cicéron.

 

Et dans la société  de sur-communication qu’il a inaugurée,  Sarkozy use et abuse de la parole. Il invite, il incite, il menace, il promet...mais bien souvent sans suite.

Prenons trois exemples cette semaine.

 

Lors de  la préparation de Copenhague, il a fait de multiples déclarations, il a promis que l’accord final comporterait « des objectifs chiffrés et contraignants ». Au final, une énorme désillusion. On ne peut mettre en doute sa sincérité : il a vraiment donné l’impression de vouloir se battre «  pour le climat ».
 Mais que vaut la parole de Sarkozy, ignorée par la plupart des grands pays, déclarée vaine par de nombreux  européens, ceux là même qui lui reprochent de vouloir jouer seul et de tirer sans cesse la couverture à lui ?

Certes le nouveau président de l’Europe, Van Rompuy, ne pouvait encore tenir sa place à Copenhague, mais où était Barroso ? Avoir choisi des personnalités sans grand charisme afin de mieux garder la main  est un mauvais calcul pour l’Europe.

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Espérons que l’Europe et la gouvernance mondiale se redresseront sur cette question fondamentale de l’avenir de notre planète. Mais il faudra intégrer que les tenants des accords futurs sont la Chine et les Etats- Unis, qui ont singulièrement trainé les pieds pendant cette conférence.

 

En 2008, Sarkozy annonce la création d’une police de proximité. Brice Hortefeux prévoyait la création de 100 unités territoriales de quartier. Mais, contre vents et marées, le Président réaffirme sans cesse sa volonté de ne pas remplacer la moitié des postes des fonctionnaires partant en retraite. Résultat, Hortefeux reconnait : « je n’ai pas les moyens de les développer ». il y aura 35 unités. Incohérence.

 

 

Combien de fois avons-nous entendu le président vitupérer contre les bonus ? Les mots les plus durs habitaient sa bouche. Gordon Brown décide d’agir contre les bonus de la City. Le lendemain, Sarkozy lui emboite le pas et déclare vouloir taxer les banques sur les
 traders m bonus versés, de 50%. Mais comme l’explique Le Monde (18 décembre), « la taxe anti-bonus sera quasi indolore pour les banques ». Effectivement, pour simplifier, elle viendra en large partie se substituer à une autre taxe destinée à financer un fonds de garantie des dépôts des épargnants. Conclusion d’un banquier : « je peux vous dire que cette politique est totalement hypocrite ».

 

 

Entre impuissance, incohérence, hypocrisie, les paroles présidentielles s’enlisent.

 

 

Alors un lettré dit. Parlez nous de la parole.

Et il répondit en disant :

Vous parlez lorsque vous cessez d’être en paix avec vos pensées »

(Khalil Gibran, Le prophète)


PF 

Publié dans Politique

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