Les leçons du monde arabe

Publié le 25 février 2011 par Odace

Place Tahrir après la chute de Moubarak

On peut toujours apprendre des autres

Nous regardions ces pays du « monde arabe » avec la condescendance de l’ancien colonisateur ; certes, ces dictateurs étaient excessifs, mais que vouliez-vous, ils évitaient la montée de l’islamisme et de toute façon ces peuples étaient bien incapables de vivre en démocratie !

Force est de constater que les pays européens, et tout particulièrement la France ont commis de graves erreurs d’appréciation. S’il faut reconnaître que la force de ces mouvements était imprévisible, les prémisses d’une évolution étaient eux bien visibles. Mais par habitude, commodité, absence de vision, nos réactions ont été timides et lentes.

Trois fantasmes disparaissent :

1- La fameuse théorie du choc des civilisations est mise à bas ; les peuples tunisien et égyptien ont réalisé leur prise de pouvoir et le renversement des « dictateurs » sans recours aux islamistes, ni référence à l’Islam. Liberté et dignité furent les premières revendications avant même les améliorations économiques et sociales.L’Islam n’empêchera pas ces peuples d’accéder à une forme de démocratie, car l’Islam n’est pas opposé à la démocratie, ni incompatible avec la laïcité.

2- Les manifestants ont aussi fait la preuve que l’attitude politique selon laquelle le soutien à des dictateurs valait mieux que les priorités humanistes, parce que ces chefs étaient les remparts contre le fondamentalisme, est très probablement dépassée, erronée. On peut même penser que, tout au contraire, l’autoritarisme, la corruption, l’enrichissement ont fait le lit du radicalisme. On voit mal des peuples ayant gagné leur liberté au prix de durs combats et de centaines de morts, accepter de se plier au diktat d’islamistes radicaux.

3- Une idée reçue consistait à penser que les africains avaient un certain goût pour la servitude; la preuve contraire vient d’être administrée avec courage et une telle rapidité que les « grands » ont été dépassés et pris de vitesse.

Trois erreurs d’analyse sont clairement révélées, trois clichés aux relents douteux viennent d’être privés de réalité. Et c’est heureux, même si, encore une fois, toute la partie est loin d’être jouée.