Sarkozy, l'abuseur public?

Publié le par Odace

SARKOZY, L’ABUSEUR PUBLIC

 

 

            Décidément, notre Président est malin mais petit. La longue traversée de cette grande galerie versaillaise entre deux haies de Gardes républicains faisait apparaître cruellement son manque d’envergure.

Tout le monde attendait, espérait ou… craignait un discours fondateur. Car, déplacer des centaines de députés et sénateurs, des centaines de journalistes… dans un lieu historique et solennel appelait des paroles fortes, originales, enthousiasmantes. Nicolas Sarkozy n’a même pas su illustrer le célèbre propos de Pierre Dac : « un bon discours ne doit être basé sur rien, tout en donnant l’impression d’être basé sur tout ».

           

          

 
Il lut un texte, aux niveaux variables et hétérogènes, situés entre celui d’un Premier Ministre, définitivement enterré ce jour, et d’un chef de parti.

 

            Dans le siècle de la mondialisation, l’intervention du président fut franco-française. A part quelques mots sur l’Europe qu’il continue à voir comme une prolongation de la France qu’il veut, rien ! Il enferme la France et les français dans l’hexagone, ne montrant aucun souci pour les affaires du monde, alors qu’il entend proposer des solutions pour sortir d’une crise mondiale.

 

            Concernant la France, il y eut des paroles intéressantes bien que convenues : la mise en œuvre de la réforme des collectivités locales, la poursuite de la chasse aux dépenses inutiles, même s’il s’agit de supprimer des « avantages acquis », le chantier de la restructuration des retraites, l’accélération des mesures en faveur des élèves peu favorisés et méritants, le rappel que la laïcité est ouverture et tolérance et non fermeture aux religions.

 

Il y eut des paroles nouvelles : proposer une solution à tous les adolescents qui sortent de l’école sans diplôme, affirmer que la burqa n’est pas la bienvenue sur notre territoire, maintenir le salaire des licenciés pendant un an et les former, décider le prochain lancement d’un emprunt ( comme Pinay, Giscard et Balladur !).

 

            Mais quid de l’urgence et de l’importance d’une réelle politique du développement durable ? La taxe carbone sera au plus tôt prévue au budget 2011. L’attitude sécuritaire est réaffirmée- on ne peut mettre en prison tous ceux qui devraient s’y trouver, construisons donc des établissements pénitentiaires, mais développons aussi une politique de réinsertion. Quelles attentions et propositions à l’égard des quartiers difficiles, de la politique de logement qui est un  échec scandaleux… ? Et quels financements, en dehors de l’emprunt, puisqu’il ne saurait être question de revoir la fiscalité autre que locale. Et pourtant, dans le cadre du taux actuel des prélèvements, rien n’empêcherait de mieux répartir l’effort. De même quelles mesures compte-t-il faire prendre pour rééquilibrer la répartition des richesses ?

 

            Le remaniement  attendu demain donnera quelques indications. Mais faute d’actions rapides et marquantes, le président resterait l’abuseur qu’il est depuis son élection.

 

           

Toutefois, que la gauche mesure ses légitimes critiques ; car, même si  l’intention doit se juger aux décisions concrètes qui suivront (ou pas), le Président a su remettre en cause une partie de sa politique passée, utiliser un vocabulaire nouveau et comme le dit Laurent Joffrin, « faire l’éloge de la régulation, de la justice sociale et de la protection ». Le modèle français, amortisseur social, créateur d’une certaine harmonie entre public et privé, est remis à l’honneur.


Bref, on passe d’une droite libérale et bling bling à une droite éclairée, sociale, centriste.
Et pendant ce temps, quel mouvement visible a effectué la gauche ? La voilà encore incitée à se réformer radicalement et à porter un discours novateur et entrainant.

 

 

             Il n’empêche que ces 45 minutes de phrases ont été bien décevantes par rapport à la mise en scène soigneusement préparée.

 

            Sarkozy, pragmatique, a manqué de souffle

 

Dans Hamlet, la Reine dit :

          « Si les mots sont le souffle

          Et le souffle la vie, jamais ma vie

          Ne soufflera un mot de ce que tu m’as dit »

 

 P.F.

Publié dans Politique

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