Réjouissant, le succès du film sur les moines de Tibhirine!
Plus d’un million de spectateurs ont vu, ces deux dernières semaines, « Des hommes et des dieux »
Lambert Wilson et Michael Lonsdale devant Angelina Jolie ! Un film qui pourrait être en noir et blanc placé avant les « 3D » d’Hollywood !
Un film sur quelques moines priant dans un petit monastère, proche d’un village algérien, dont on connait l’histoire et la fin tragiques (même si l’on ignore encore les responsabilités) attire plus d’un million de spectateurs dans un pays particulièrement sensible à la laïcité.
C’est que le film est beau, simple, émouvant, généreux ; que sa lenteur, voulue pour marquer le rythme de la vie des moines et de leurs prières, est peut-être ce qui nous manque.
La sincérité de ces moines, qui ont peur, qui doutent, mais finissent par choisir de rester, par fidélité à leur engagement, par respect et amitié pour leurs voisins musulmans est également un sentiment qui nous échappe de plus en plus.
Le monastère de Tibhirine
« Quand on se met loyalement à l’écoute d’un autre peuple en prière, on découvre que les attitudes et les mots les plus simples de l’expression spirituelle ignorent les frontières des religions » (Toutes les citations de Christian de Chergé, prieur des moines de Tibhirine, viennent du livre de Christian Salenson, « Prier avec Christian de Chergé », Nouvelle Cité)
Ces hommes, ces moines, d’origines si diverses, qui ont consacré leur vie à Dieu, l’offrent aux autres hommes, à la vérité, à la dignité humaine. Partir ce serait mourir dit l’un des moines.
Il n’y a aucune leçon, ni message, seulement,un témoignage authentique et modeste d’un petit groupe d’hommes qui vont jusqu’au bout de leur vie, en toute liberté.
Les moines à Tibhirine
« S’il m’arrivait un jour d’être victime du terrorisme qui semble vouloir englober maintenant tous les étrangers vivant en Algérie, j’aimerais que ma communauté, mon Eglise, ma famille, se souviennent que ma vie était donnée à Dieu et à ce pays….J’aimerais, le moment venu, avoir ce laps de lucidité qui me permettrait de solliciter le pardon de Dieu et celui de mes frères en humanité, en même temps que de pardonner de tout cœur à celui qui m’aurait atteint. Je ne saurais souhaiter une telle mort ; il me parait important de le professer. Je ne vois pas en effet comment je pourrais me réjouir que ce peuple que j’aime soit indistinctement accusé de mon meurtre… » (texte achevé le 1er janvier 1994).
PF