Remplacer Sarkozy, pourquoi, par qui?

Publié le par Odace

REMPLACER SARKOZY ! POURQUOI, PAR QUI ?

 

Une mauvaise passe…

 

La politique économique et sociale de Sarkozy piétinait depuis quelque temps ; avant la crise, les indicateurs tournaient au rouge, commerce extérieur, emploi…
Paradoxalement, la crise vient à son secours, lui permettant de se présenter comme le sauveur de la France, voire de l’Europe.

Pour nos 26 partenaires, le regard porté sur la politique française de relance est pour le moins contrastée.

En France, comme à l’étranger, la plupart des économistes et autres  analystes sont sceptiques sur l’efficacité du plan français, trop tourné vers l’investissement et pas assez vers l’emploi, le pouvoir d’achat et donc la consommation.

La crise va durablement entrainer son lot de malheurs, de difficultés, de rebellions. La courbe du chômage continuerait sa montée jusqu’à la fin 2010, dit-on…Le mécontentement progresse.

 

Le Président, veut rester dans sa posture de réformateur, mais il a le plus grand mal à faire aboutir des réformes, dont le principe était pourtant accepté par le plus grand nombre des personnes concernées.
Observons ce qui se passe sur la réforme de l’hôpital : tous les acteurs manifestent contre le projet de loi, y compris des membres éminents de la majorité. Depuis 13 semaines, l’université est en grève pour dénoncer le projet Pécresse sur les enseignants chercheurs.
Manque profond de vrai dialogue, de réelle concertation, absence de négociation équilibrée. Tentation de la provocation. Tentatives -d’une époque que l’on espérait révolue- de passage en force.

 


Les seules réformes qui sont réalisées sont celles de la justice, de plus en plus répressive, surtout à l’égard des mineurs et des jeunes. Comme l’écrit Marcel Gauchet dans Libération, « le sentiment d’insécurité est inépuisable », et Sarkozy sait bien en jouer.

 

 

Un redressement possible ?

 

Le Président semble s’être durablement coupé d’une large partie des français, y compris dans son propre électorat. Trop omniprésent, trop individuel, voire personnel, il néglige l’Etat, les institutions et d’une certaine manière méprise la démocratie. Son activisme systématisé, son mélange constant dans les discours de valeurs libérales, conservatrices ou progressistes perturbent et la gauche et son propre camp et donnent le sentiment final qu’il n’y a pas de cap, pas d’objectif clairement assumés. On navigue au jour le jour.

 

Avec Sarkozy, la société perd du sens, s’écarte de sa propre histoire, se replie sur elle-même.
Sa toute puissance n’est qu’apparence, sa frénésie de décider ne peut masquer l’immobilisme de la société et la perte de démocratie.

 

Encore Marcel Gauchet : le sarkozysme « est un bonapartisme pour la télévision où l’affichage de la volonté l’emporte sur la réalité ».

 

 

 

 

Pourquoi, par quoi, le remplacer ?

 

            La sortie de crise que prépare l’équipe en place ne changera rien en profondeur : ni le système financier et bancaire, ni le système de répartition des profits entre l’investissement, les actionnaires et les salariés, ni les méthodes de gouvernance.

 

Il s’agira remplacer « l’éthique de l’avidité » (Barack Obama), par « l’éthique de la fraternité ». Remplacer une société individualiste du chacun pour soi et qui devient de plus en plus inégalitaire, par une société de solidarité, de partage et de dialogue.

 

Il faut, comme y invite Pierre Rosanvallon « réinventer la démocratie ». Au-delà des élections et du Parlement, il conviendra de donner la parole aux citoyens dans de nouvelles structures, régionales, locales. Faire participer tous ceux qui vivent et subissent les décisions des « élus » les moyens de se faire entendre. Refaire du dialogue démocratique une source normale de la décision.

 

Il faut repenser les formes financières, commerciales, économiques et sociales du capitalisme du XXIème siècle. Redistribuer différemment les profits et améliorer la part consacrée aux salaires. Cesser de laisser se creuser les inégalités, dans l’enseignement et les universités, dans les rémunérations et les revenus.
Ne verser ni dans l’utopie, ni dans le statu quo, mais dresser un plan de route qui sera nécessairement longue.

 

Tout ceci se fera dans une Europe que l’on souhaite plus unie, plus forte, plus politique et sociale et dans un monde dans lequel les confrontations risquent d’être nombreuses et dangereuses, si la communauté internationale ne parvient pas à construire là aussi une nouvelle démocratie et une économie plus solidaire.

 

« Un autre monde est possible » soutenait le prix Nobel Stiglitz. Qui peut tenter de le construire ?

 

 

Par qui le remplacer ?

 

2012 se prépare aujourd’hui.

 

On perçoit bien que l’opposition droite-gauche traditionnelle est dépassée, presque archaïque et que les clivages ont changé.

Il n’empêche que deux politiques sont possibles, celle qui conserve et favorise les plus « forts » et celle qui change et met son efficacité au service de tous.

 

L’opposition est émiettée, peu audible, peu crédible, passant plus de temps à répondre au Président qu’à présenter de solides alternatives.
De François Bayrou à Olivier Besancenot en passant naturellement par Martine Aubry et Ségolène Royal, le spectre politique est large, inorganisé, et donc inefficace.

Il est temps que des groupes d’hommes et de femmes parviennent à se réunir, s’unir pour structurer toutes les composantes démocrates, républicaines, qui cherchent plus de justice, plus de solidarité dans un souci humaniste et réaliste.

 

Le PS doit jouer dans ce mouvement un rôle moteur ? Ce PS que Martine Aubry tente de remettre en ordre de marche. Mais son autoritarisme et le sectarisme d’une partie des membres de sa majorité en font un parti peu séduisant qui risque même de décourager de nombreux militants.

Parmi les personnalités fortes et charismatiques, ressortent Ségolène Royal et François Bayrou. Bien conscientes qu’elles ne peuvent l’emporter qu’en « s’associant ». Le PS ne peut gagner qu’en « accord » avec le Modem. C’est d’ailleurs le sentiment d’une forte proportion de français et d’une  grande majorité de sympathisants et militants socialistes. Même si, imprudemment, Martine Aubry et Benoit Hamon ont fait campagne sur le refus de toute alliance avec le centre de Bayrou.

 

Pourtant, dans les circonstances actuelles,  un « ticket » Royal- Bayrou aurait de sérieuses chances de modifier la donne politique à conditions…

 

            Ségoléne Royal, tout en restant indépendante et originale, devrait refreiner son impulsivité, redevenir plus collective, plus institutionnelle. Moins dans l’image et plus dans la réalité. Elle devra s’appuyer pleinement sur le PS (et réciproquement) et constituer une équipe de politiques et d’experts crédible et imaginative.

 

            François Bayrou devra se prononcer clairement sur ses intentions et cesser de faire croire à la possibilité d’une troisième voie ; la rénovation est en marche tant à droite qu’à gauche : il faudra bien prendre « parti », d’autant plus qu’il est très seul. A lui d’élaborer quelques points clés d’une future alternative politique.

 

            Il leur reste à trouver les formes qui leur conviennent et entrainera l’adhésion d’une majorité de français ; François Bayrou ne veut pas d’accord d’appareil ; on le comprend, d’autant mieux que d’appareil il n’en a pas ! D’autres voies sont possible qui permettent d’éviter absolument les alliances entre les deux tours.

 

A eux, Royal et Bayrou de l’esquisser progressivement et de le proposer aux français.

 

            Sarkozy ne séduit plus et parfois inquiète. Qu’une nouvelle opposition imagine et redonne espoir et confiance. Par une volonté de changer, de développer, de respecter, bref de passer d’ « une démocratie du privé » à une démocratie de la « fraternité ».

 

Pascal Forbin

 

 

Publié dans Politique

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B
Je pense qu'il serait bon de mettre Christian Clavier au pouvoir, ou bien Anémone, ou encore Thierry Lermitte. <br /> <br /> Comme ça, ce serait tous les jours "le père no" !!!!
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O
<br /> merci cher Bigoron de participer à ce blog!<br /> Et merci pour tes bonnes suggestions.<br /> Quelques remarques tout de même!<br /> Clavier est déjà à l'Elysée; lermitte est à val d'Isère,Anémone est bien drôle, intelligente, mais je préfère ségolène!<br /> Tu as oublié Bigard comme ministre de la culture!<br /> <br /> <br />
A
Bien que je ne serais bientôt plus là pour gérer la communauté Vues de Gauche, je vous y accueille avec plaisir.<br /> Je ne sais pas si 2012 sera un bon crû mais je trouve que le mental politique de la France décline sacrément vers un monde à la Orwell.<br /> Je suis sceptique pour ne pas dire pessimiste.<br /> alzaz
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O
<br /> On peut aussi renverser le sens du déclin et imaginer d'autres formes d'action, d'autres formes de gouvernance...<br /> Les vieux partis de gauche devront se réformer ou disparaitre.<br /> Des mouvements associatifs se créent à côté des structures existantes et préparent peut - être un avenir nouveau.<br /> merci pour votre accueil!<br /> <br /> <br />