"Peuple d'élite, fier de lui et dominateur" (Partie I)
Le comportement récent et actuel de l'Etat d'Israël donnerait-il raison au Général de Gaulle, dont cette parole célèbre avait créé une sévère polémique ?
« A Gaza, les palestiniens deviendront un peu plus minces, mais ne mourront pas. Pas un blocus, un rendez-vous diététique », selon M. Dov Weissglass, conseiller d’un ex Premier ministre, cité par Régis Debray, « A un ami israélien »
L’usage permanent de la force
On ne reviendra pas sur quelques évidences et principes fondamentaux.
Israël a droit à l’existence en tant que pays libre ; compte tenu de l’histoire, des centaines de milliers d’expulsion, des guerres qu’il a menées, des attitudes souvent violentes à l’égard de ses voisins…ce pays est trop fréquemment l’objet d’attaques terroristes de certains de ces derniers. Certains pays refusent même son droit d’exister. Israël est donc légitimement appelé à se défendre ; mais quid des attaques et des blocus ? Et pourquoi sans cesse obscurcir les quelques lueurs de paix ?
Depuis l’opération « Plomb durci » contre Gaza, qui s’est révélée un grave échec militaire, diplomatique et naturellement humanitaire,(plus de 1400 morts dont 300 enfants), Israël s’enferme dans un blocus vengeur, et totalement inefficace pour Israël, contre cette bande de terre abritant plus d’un million de palestiniens, qui ont voté en faveur du Hamas, ennemi juré d’Israël. Pas de matériaux de construction, raréfaction des denrées alimentaires, des médicaments, fréquentes coupures de courant… « On ne peut laisser se poursuivre l’isolement et la souffrance dans laquelle cette population est de plus en plus plongée » déclare Amnesty International.
La flottille de 8 navires, « Free Gaza », qui voulait mener une action humanitaire visant à entamer le blocus de Gaza, embarquait une dizaine de milliers de tonnes de marchandises, avec quelques centaines d’humanitaires, de journalistes de députés, le célèbre écrivain suédois Menkel…la grande majorité calme, une petite partie apparemment plus agressive.
L’attaque israélienne dans les eaux internationales avec la participation des forces spéciales réputées pour leur violence, est a priori illégale, évidemment mal maitrisée et a causé la mort d’au moins 10 passagers et des dizaines de blessés. On ne saura jamais l’exacte vérité et il est probable que des assiégés ont réagi vigoureusement, mais le résultat est une fois de plus tragique et très largement à la charge de l’état israélien.
Tous les pays demandent une enquête internationale et impartiale, mais les Etats Unis ont déjà fait savoir qu’ils souhaitaient la confier à …Israël.
Où va ce pays ?
Israël, unanimement condamné par la communauté internationale, a affronté durement l’un de ses soutiens essentiels dans cette région, la Turquie, qui n’en restera pas là : rupture des relations diplomatiques, annulation d’opérations militaires conjointes…
De plus en plus autonome, faisant ce qu’il veut sans respecter les accords et les lois internationaux, poursuivant sur le territoire palestinien les constructions en principe gelées, menant des combats meurtriers….comme s’il vivait dans une impunité que seul le soutien, jusqu’alors indéfectible des USA, semble autoriser comme le faisait remarquer, lundi soir Noam Chomsky, (France 3), lui-même interdit, par les israéliens, d’aller faire une conférence à l’université de Ramallah.
Israël, de plus en plus isolé, risque de s’enfermer dans une attitude d’assiégé.
Peut-on encore espérer que cette crise soit une occasion pour tous les pays concernés de changer de cap ?
-redéfinir la stratégie israélienne, c'est-à-dire changer de gouvernement
-relancer les discussions de paix, ce qui implique aussi une « réconciliation » Fatah -Hamas
-lever le blocus de Gaza qui crée la misère des palestiniens et la fortune économique et politique du Hamas ; d’ailleurs l’Egypte vient d’ouvrir un grand point de passage vers Gaza et même les Etats Unis ont déclaré que cette situation ne pouvait être prolongée.
Israël n’est pas un Etat comme les autres ; victime, vengeur et pourtant très largement défendu par l’essentiel de la communauté « occidentale » et au-delà.
Le regard critique porté sur les actes de cet Etat est vite assimilé à de l’antisémitisme.
C’est pourquoi, nous appuyant sur le remarquable ouvrage A un ami israélien, de Régis Debray, (Flammarion, 2010) , nous reviendrons rapidement sur ce sujet essentiel.
Pascal Forbin